Yacine Boularès : Embarquement immédiat pour le Jazzy-Land !
9 janvier 2016Installé à New York, Yacine Boularès conjugue le jazz à l’improvisation de l’indicatif. Un jour, il écoute l’album « Crescent » de John Coltrane, et c’est la révélation. Alors étudiant en Philosophie (à la Sorbonne à Paris), il décide de faire ses gammes sur un instrument à vent au lieu du traditionnel sofa pour transmettre ses émotions. Il intègre le prestigieux Conservatoire national supérieur de musique de Paris (CNSMDP) et la New School for Jazz à New York, entouré de musiciens virtuoses. La chance est au rendez-vous avec le saxophoniste Jacques Schwartz Bart qui aura un ascendant non négligeable et qui l’aidera beaucoup à synthétiser les influences africaines, orientales et jazzy de Yacine Boularès. En solo ou en combo, tout va crescendo pour ce Franco-Tuniso-saxo puisqu’il joue, compose et arrange pour le groupe mythique de la musique haïtienne Tabou Combo, Martino Atangana, Jojo Kuo, ou encore pour le dernier album de Placido Domingo. Ne craignant pas les trous d’air, il nous invite à élargir notre horizon musical en un souffle et sans bémol. Rencontre exclusive pour Tunisair Express.
Vous rappelez-vous de votre premier voyage ?
Je ne m’en souviens pas, mais mon premier voyage a été un Paris-Tunis à l’âge d’un mois (Rires)… En revanche, je me souviens de tous ceux qui suivirent. Et chaque été sonnait la libération d’avoir attendu un an avant de pouvoir passer deux mois de vacances en Tunisie. Retrouver mes meilleurs amis, ma famille. Je ne pouvais rêver mieux à cet âge là !
Pour vous, voyager représente quoi ?
Voyager, c’est une inévitable transformation. C’est accepter d’abandonner toutes préconceptions, de se laisser surprendre et d’apprendre de la culture locale. J’étais récemment à Praia au Cap Vert où ce fut une magnifique leçon de vie, de musique, de tolérance et de patience.
Le pays ou la ville qui vous a le plus marqué(e) ?
Le Japon. J’y suis allé cinq fois. En tournée ou avec ma femme. A chaque fois, c’est le dépaysement absolu ! Tout d’abord la langue, j’ai beau avoir quelques notions de japonais, je n’ai aucune idée de ce qui se dit autour de moi. La langue ne laisse aucun repère auquel je puisse me raccrocher. Cela crée une sorte de mur invisible qui me met dans une position d’étrangeté absolue, loin de tout, observateur. Ensuite, la notion de respect de l’autre. Au Japon, la communauté passe avant l’individu et c’est une chose merveilleuse. A ce sujet, j’ai une anecdote très anodine mais révélatrice: lors de mon premier voyage avec ma femme, nous avions pris l’avion depuis New York. Un couple, avec son nourrisson, s’était assis à côté de nous pour ce qui allait être un vol de 14 heures. Le père est allé voir tous les passagers de l’avion et s’est, à l’avance, excusé pour les futurs désagréments sonores que pourraient causer son bébé. Cela prouve à quel point le respect de l’entourage est primordial.
Enfin, il y a cette beauté propre à ce pays que l’on trouve dans tous les détails : rien n’y est jamais laissé au hasard. Les Japonais mettent toute leur fierté dans un geste bien accompli. La beauté d’une assiette bien présentée, d’une calligraphie, d’un jardin parfaitement pensé. Chaque individu, chaque objet est traité avec le respect qu’il mérite avec, toujours, ce même souci de perfection.
Une fois assis dans l’avion, que faites-vous pour vous occuper ?
Je me mets immédiatement à l’aise avec mes écouteurs antibruit pour écouter de la musique ou bien pour composer sur mon ordinateur.
Combien de pays avez-vous visité ?
Une quarantaine : Autriche, Belgique, Suisse, Allemagne, Espagne, Jersey, France, Royaume-Uni, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suède, Vatican, Liechtenstein, Monaco, Canada, Costa Rica, Haïti, Porto Rico, USA, Aruba, Dominique, Curaçao, Surinam, Maroc, Cap Vert, Chine, Taiwan, Malaisie, Singapour, Japon, etc.
J’ai été particulièrement marqué par un concert au milieu de la forêt amazonienne au Surinam, par la joie de vivre des Capverdiens, par la diversité culturelle de Singapour, notamment leur fameux « food-courts » où, pour quelques dollars, on mange les meilleures spécialités d’Asie du Sud-Est.
Votre destination rêvée ?
Je rêve d’aller voir le grand Canyon pour son gigantisme, de visiter le Mali et le Cameroun où je puise beaucoup d’inspirations musicales, et d’observer la planète Terre depuis la Lune. Ce sera bientôt possible, non?
Quel genre de voyage préférez-vous? Shopping ? Aventure ? Découverte ?
Je suis clairement plus sensible à la découverte. La première chose que je fais en arrivant dans un nouveau pays est de me mettre à table (loin de l’hôtel) au propre comme au figuré. Discuter, échanger tout et n’importe quoi avec des inconnus autour d’un verre et d’une spécialité locale est la meilleure manière de découvrir leur culture.
Qu’est-ce que vous n’oubliez jamais de mettre dans votre valise ?
Un bon livre. En tournée, je passe 50% de mon temps dans les transports, 30% de mon temps à attendre et 20% sur scène ou en répétition. Il faut donc s’armer de patience et, à mon goût, seule la lecture procure le pouvoir d’arrêter ou d’accélérer le temps.
Votre plus beau souvenir de voyage ou anecdote ?
C’est difficile de choisir mais j’ai été particulièrement marqué par Kyoto et le Temple des 1001 Bouddhas, Sanjusangendo, dont le bâtiment s’avère être la plus longue construction en bois du Japon avec ses 120 mètres. Très impressionnant !
A part le saxo, quelle est votre autre passion ?
La cuisine! J’adore cuisiner français, tunisien, japonais… Un jour, j’espère pouvoir prendre part de près ou de loin à une aventure gastronomique.
Projet ou rêve qui vous tient à cœur?
J’ai la chance de vivre de ma passion et chaque jour est véritablement un don. J’espère que cela va continuer ainsi en multipliant les occasions de partager ma musique.
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