Voyage avec Sonia Mbarek une diva aux sommets
1 avril 2014Ce n’est pas une chanteuse qu’on découvre mais une icône qu’on retrouve. Il n’y a rien qu’on ne sache déjà sur Sonia Mbarek, cette chanteuse discrète qui a creusé sa carrière à force de patience et d’endurance : le travail et le sérieux semblent la guider. Une carrière qui commence à petits pas sûrs ; elle débute par des chansons pour des théâtres musicaux, séduisant au passage public et professionnels ; elle est invitée par la suite à des festivals internationaux, participe à des opérettes et des musiques de films. Il est loin le temps où elle se produisait au Centre culturel international de Hammamet avec le concert « Musiques sans frontières ». Depuis, elle a gravi les marches pour arriver au Festival international de Carthage dans le cadre de la présentation du concert « Voyage en Méditerranée ». Puis, elle se produit au Théâtre municipal de Tunis, à l’occasion de la clôture de l’année nationale de la Traduction. Son travail s’inscrit dans une démarche de création autour de la musique arabo-andalouse et du Tarab, entamée dès son plus jeune âge. Sonia Mbarek régit sa carrière artistique avec doigté. Pourtant, le « genre » de sa musique semble apparemment atypique. Jusque-là, aucun faux pas dans sa longue ascension : elle monte rapidement sur les hauteurs de la gloire, elle est admirée par le public et les musiciens. Plusieurs tournées la mènent dans le monde arabe, en Europe et aux Etats-Unis. Avec succès. Elle décroche le diapason d’or en France en 2000, pour son CD Takht (Harmonia Mundi).
Du chant et des lieux de mémoire
Comment perçoit-elle sa musique ? Elle dit : « communiquer par le chant et la musique en choisissant des lieux de mémoire ». Aussi, elle monte sur la scène de l’Amphithéâtre de Carthage, passe à la Fondation Cartier à Paris, suit des concerts et le succès est à la clé : Radio France Internationale, Studio 104, Café de la Danse, Festivals des Suds à Arles, Maison de l’Opéra du Caire, Salle Klaus Von Bismarck, Radio Cologne « WDR », Maison des Cultures du monde –Berlin, Centre national des arts Ottawa, Académie de musique Bâle (Suisse), Kennedy Center (Washington), siège des Nations-Unies à New York… Bref, un catalogue de réussites. Un secret ? Une voix déliée, alerte, un style sans esbroufe, une virtuosité qui lui permet d’aller loin dans l’expression des sentiments ; en concert, elle suscite des émotions douces, sans gros éclats. Les amateurs sont frappés par l’aspect technique et le rendu des chansons. Elle s’est même aventurée à chanter des chansons étrangères avec le même souci de faire surgir la vérité du texte (Jacques Brel). Aux images des phrases, elle ajoute une interprétation maîtrisée, une forme d’osmose entre paroles, composition et exécution.
Tout en menant de front sa carrière musicale internationale, notre invitée de ce numéro de Alyssa est assistante à l’Institut supérieur de musique de Tunis, enseigne les Droits de l’Homme et le Droit d’auteur ainsi que les techniques de chants arabo-andalou et tunisien. Elle a été présidente et directrice du Festival de la musique tunisienne de 2005 à 2008. Elle a été désignée membre et ambassadrice de bonne volonté de l’ATCC (Association tunisienne de lutte contre le cancer) de 2006 à 2008 ; elle est conseillère artistique de l’ONG (américano-arabe) « Al BustanSeeds of Culture » et a été récemment désignée ambassadrice du tourisme saharien pour l’année 2014. Sonia Mbarek pense pouvoir contribuer à la valorisation du Tourisme écologique et culturel de la Tunisie et estime que pour pouvoir convaincre, les tunisiens doivent eux-mêmes être convaincus de la beauté et de la richisse culturelle de leur pays. Et pour couronner le tout, Sonia Mbarek vient d’être nommée par le ministère de la Culture présidente de la 50e édition du Festival international de Carthage qui aura lieu au cours de l’été 2014.
Vous rappelez-vous de votre premier voyage ?
C’était avec mes parents, à l’âge de 8 ans à Paris, pour la première fois à la découverte de la Tour Eiffel.
Voyager pour vous, est-ce échapper à la monotonie, un devoir professionnel, un plaisir, un fardeau ?
Ce n’est surtout pas un fardeau car j’adore voyager. C’est une découverte de l’autre, un plaisir et surtout la communication et le partage de ma musique et mon chant avec différents peuples.
Le pays qui vous a marqué le plus et pourquoi ?
Il y en a beaucoup, mais je choisirais les Etats-Unis, particulièrement la ville de New-York car cette ville représente un patchwork des cultures du monde entier.
Une fois sur votre siège en avion, quelle est votre activité : lecture, musique, conversation avec le voisin?
Musique et lecture.
Combien de pays visités ?
Au moins 40.
Vous êtes shopping ou découvertes, musées et autres endroits culturels ?
Si j’ai le temps, je préfère les musées et les endroits insolites.
Le contenu idéal de votre valise ?
Des CD de musique.
Le plus beau souvenir de voyage ?
L’un des plus beaux souvenirs : une rencontre avec une chorale aux Etats-Unis pour une tournée. C’était émouvant, le Keystone State Boychoir. Ils ont, pour la première fois, chanté des textes de mon répertoire en arabe pour m’accompagner dans des concerts.
Votre musicien préféré ?
KhemaiesTernane, RiadhSombati, Mikis Theodorakis, ZiedRahbani, Paco de Lucia.
Et votre parolier ?
Aboulkacem Chebbi, MnaouarSmadah, Lorca, NizarQabani.
L’instrument de musique que vous aimez le plus ?
Le luth.
La chanson que vous aimez chanter, de vous et des autres ?
Tyr el miniar et Ya zahraten.
Le bonheur parfait selon vous ?
Partir en vacances en famille dans le désert tunisien, être sur scène.
Votre principal défaut ?
Réservée et timide.
Et votre qualité principale ?
La franchise.
Vous êtes plutôt thé ou café ?
Café.
Votre couleur préférée ?
Le bleu, dans toutes ses nuances.
Quels sont vos héros aujourd’hui ?
Les mères et les femmes des martyrs tunisiens, Gandhi, Mandela.
Hamma HANACHI
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