Ultra Mirage El Djérid: événement sportif, agitateur touristique
3 octobre 2022Comment cet événement sportif est devenu un stimulant pour le tourisme dans la région de Tozeur où il se déroule chaque année à pareille époque.
Ils sont Argentins, Marocains, Japonais, Tunisiens, Français, Allemands, Néo-Zélandais, Egyptiens, Italiens, Algériens, Espagnols, Chiliens, Polonais…
Leur point commun: celui d’être venus participer au défi sportif que leur pose l’événement Ultra Mirage qui est organisé chaque année à la même époque dans la région de Tozeur.
Pour l’édition 2022 qui s’est déroulée le 1e octobre, on a dénombré en tout 27 nationalités différentes et un total de 304 coureurs (dont 22% de femmes). La philosophie d’Ultra Mirage El Djérid, c’est courir dans le désert sous un soleil de plomb pendant 50 km au moins. 100 km pour les plus téméraires. Et au final, passer la ligne d’arrivée après avoir relevé ce défi d’endurance et de dépassement de soi exceptionnel.
Courses sur 50 ou 100 km
Le parcours est bien tracé: le top départ est donné à partir d’un village éphémère juxtaposé au site du décor du film Star Wars, à une quinzaine de km de la ville de Nefta. Les coureurs s’élancent au lever du soleil.
Sur la ligne de départ, des sportifs aguerris qui se préparent à la compétition depuis plusieurs mois, des clubs de Runners venus de partout (tant de Tunisie que d’ailleurs), des couples, des jeunes et des moins jeunes, femmes et hommes.
On aura vu un papa courir avec sa fille et même une personne à mobilité réduite s’armer de ses deux béquilles et s’élancer dans la masse des coureurs.
Les plus rapides à parcourir la distance des 50 km ont été le Tunisien Walid Mrad (chez les hommes) et l’Allemande Anna Hughes (chez les femmes) et seront de retour dans la matinée après respectivement 3h26 et 4h54 de course. D’autres mettront plus de temps car la nature, aussi belle soit-elle, est également hostile dans ces contrées.
Dans la catégorie des 100 km, le premier arrivé chez les hommes (l’Algérien Abdelbasset Elhamel) aura parcouru la distance en 8h29 tandis que chez les femmes, c’est la Danoise Bouchra Lundgren Eriksen qui passera la première la ligne d’arrivée avec un chrono de 10h34. D’autres concurrents arriveront bien après que la nuit ne soit tombée. Ils auront eu jusqu’à 2h00 du matin pour franchir la ligne d’arrivée, et donc avoir parcouru une bonne partie de la course dans le noir.
Le parcours traverse le Chott El Gharsa, frôle le site de Ong Jmel et s’enfonce dans les méandres du désert. Le spectacle est à couper le souffle mais les corps mis à rude épreuve. «J’ai l’impression de courir avec un sèche-cheveu dans la bouche» s’exclame un concurrent français.
Les chiffres de la course
Amir Ben Gacem est derrière l’initiative de cette course. Depuis 6 ans, il s’évertue à lui donner ses lettres de noblesse. Lui même ancien coureur de trail à l’international, il a tenu à développer une manifestation du même genre en Tunisie. Au fil des ans, elle prend de l’ampleur. Les deux années Covid ont ralenti la cadence prévue mais la course a tout de même eu lieu.
L’organisation de l’Ultra Mirage a entraîné cette année la mobilisation de 10 grands bus, 24 véhicules 4×4, plusieurs ambulances pour parer à tout risque. 27.000 litres d’eau ont été acheminés sur place avec une recommandation implacable: zéro déchet dans la nature après la fin de l’épreuve.
L’édition 2022 a été fidèle aux précédentes, mais avec des participants encore un peu plus nombreux et encore plus diversifiés. Au-delà des 304 coureurs (dont 140 étrangers), il y avait également les accompagnateurs qui viennent soutenir leur club ou leur poulain. Dans la foulée, ce sont désormais 3 hôtels qui hébergent tout ce beau monde. Une manne de clientèle que Tozeur reçoit les bras ouverts.
Et il y a aussi tout ce déploiement en logistique qui mobilise plusieurs centaines de personnes. L’organisation fait en effet appel à la main d’œuvre et aux spécialistes locaux. Ceux qui aident à l’élaboration du tracé et ceux qui contribuent, d’une manière ou une autre, à son succès et à sa sécurisation.
Le fait est que tout le monde est mobilisé. Le gouverneur de la région, Aymen Béjaoui, associe l’Ultra Mirage au démarrage de la saison touristique. «Quand cet événement réussit, c’est toute la saison qui réussit» affirme-t-il en conférence de presse la veille de la course.
Implication du public et du privé
Cette implication des autorités s’inscrit dans la volonté de stimuler le tourisme dans cette région qui tourne au ralenti durant l’été et qui attend impatiemment l’avènement de l’automne et de l’hiver pour voir revenir le gros des touristes.
L’autre acteur public intervenant dans la boucle, en l’occurrence l’ONTT, apporte lui aussi sa contribution en ramenant des coureurs de l’étranger, souvent des personnalités influentes ou connues dans leur domaine. Il invite également des médias étrangers spécialisés à couvrir l’événement et permettre ainsi de faire parler de lui sous d’autres cieux. Une équipe «Discover Tunisia» s’est même constituée pour la circonstance. Plusieurs nationalités courant sous les couleurs de la Tunisie !
Mais l’autre apport significatif est aussi celui d’un acteur privé de la place, en l’occurrence Assurances BIAT. Cette compagnie accompagne Ultra Mirage depuis sa première édition, en tant que sponsor majeur tout d’abord et, désormais, avec une équipe sportive propre à elle courant sous ses couleurs.
«Nous soutenons cet événement car nous partageons ses valeurs» souligne Nejla Moalla Harrouch, directrice générale d’Assurances BIAT. «C’est notre manière à nous de mieux faire connaître la région et nous espérons à l’avenir pouvoir ramener 500 participants et autant d’accompagnateurs car c’est finalement un beau mariage entre sport et tourisme et voir ensemble un Argentin et un Japonais courir en Tunisie, c’est cela le vrai visage d’Ultra Mirage».
Mais Tozeur a besoin de bien plus qu’Ultra Mirage pour remettre son tourisme à flot. Il lui faudrait plusieurs dizaines de privés comparables à Assurances BIAT pour soutenir d’autres initiatives qui pourraient être déployées dans la région. L’absence de ligne aérienne directe avec son aéroport international reste malheureusement l’une des causes du marasme duquel elle n’arrive pas à se défaire.
Hédi HAMDI
Lire aussi dans nos archives:
Ultra Mirage: bilan de l’édition 2021
Ultra Mirage 2020: comment l’épreuve s’est-elle déroulée ?
Laisser un commentaire