Tozeur : ces professionnels qui ne larguent pas les amarres !
16 décembre 2015Le GDS Amadeus Tunisie a organisé, du 11 au 13 décembre, un éductour pour ses agences de voyage partenaires.
L’organisateur a, cette année, choisi Tozeur pour deux principales raisons. D’abord, il a voulu montrer aux représentants des agences de voyage et au monde que le terrorisme ne devait pas constituer une menace majeure pour le tourisme. Il fallait, ainsi, véhiculer un message qui rassure, surtout les étrangers qui aiment notre pays, notre patrimoine et notre richesse culturelle. L’équipe d’Amadeus a, par ailleurs, voulu honorer cette région qui regorge de sites historiques, de patrimoine culturel et d’extraordinaires paysages naturels où l’on observe le mariage exemplaire entre l’antique et le moderne, ainsi qu’entre les dunes et les oasis.
Le programme de l’éductour établi par Amadeus était riche, assurant en effet le divertissement, l’apprentissage et l’aventure. Au cours de cette aventure pleine de suspense, nous avons pu rencontrer les professionnels du tourisme opérant dans la région qui ont parlé de leurs préoccupations et de leur apport au tourisme dans la région.
Contre vents et marées
Quelques professionnels seulement ont décidé de ne plus larguer les amarres, ni laisser leurs employés finir en queue de poisson. Ils ont résisté et résistent encore pour laisser la porte de l’espoir ouverte aux habitants de la région. On parle de certains propriétaires d’hôtels, d’agences de voyage et de palmeraies de loisir qui continuent d’assurer leurs activités, alors qu’un bon nombre de professionnels ont fermé, d’ores et déjà, les portes de leurs structures. À titre indicatif, seulement 3 ou 4 hôtels de luxe sont ouverts aujourd’hui parmi environ 17 au total à Tozeur. Ce bilan prouve suffisamment les grandes difficultés qu’ils rencontrent.
Difficultés du tourisme qualitatif
Imed Lagha, patron de Sahara Lounge, est parmi ces rares résistants qui ne lésinent pas sur les moyens pour développer le tourisme oasien et saharien. Le natif de la région de Kram à Tunis s’obstine, en effet, à faire de la région un pôle touristique important offrant des produits touristiques de bonne qualité. « Sahara Lounge a ouvert ses portes en 2009 pour offrir aux habitants de la région et aux visiteurs tunisiens et étrangers un nouveau produit de qualité qui repose sur des activités sportives et de divertissement. Cette palmeraie est très connue, puisqu’elle est la seule ayant un back-office et un front-office.
Le visiteur en calèche pourrait, ainsi, entrer d’un côté pour sortir de l’autre. Un avantage qui lui offre un agréable moment de balade et de découverte », dit M. Lagha. « Le parcours d’aventure est le premier créé en Tunisie. Et il est certifié. Chaque année, une société spécialisée en jeux de plein-air vient pour vérifier le matériel, les palmiers, les poulies, afin de nous donner l’homologation », affirme-t-il. M. Lagha nous a fait savoir que les touristes étrangers sont presque absents. « C’est rarement qu’on voit des touristes étrangers venir passer quelques jours ici. Nous travaillons plus avec les Tunisiens. Même ceux-ci ne dépensent pas comme avant. Pour le tourisme de masse, on ne le vise pas réellement, car les excursions programmées ne durent que deux jours et une nuit. Donc, les touristes n’ont pas le temps pour profiter du tourisme qualitatif», regrette-t-il.
Engagement moral
Le Palm Beach est parmi les hôtels qui résistent encore aujourd’hui, malgré une conjoncture extrêmement difficile.
Souheil Merkhi, directeur de l’hôtel, a affirmé que le nombre de touristes étrangers a fait une chute vertigineuse depuis la révolution. « Nous ne travaillons presque qu’avec les Tunisiens. Et pourtant, nous n’avons pas fermé, même pendant l’été », avance-t-il. Selon Mohamed Essayem, commissaire régional au Tourisme, les responsables de l’hôtel le font pour le pays et la région. « La fermeture du fleuron de la région serait un coup dur pour le tourisme ici. Il s’agit, en fait, d’un engagement moral qui empêche quelques hôteliers à fermer leurs unités aujourd’hui », souligne-t-il. Le mal réside, selon leurs propos, dans l’absence de communication ou la mauvaise communication. « Le Sud est malheureusement vu comme une région très lointaine. Les discours dans les médias confirment bien cette tendance. Il est important aujourd’hui d’agir afin de changer les mentalités et aider à bien commercialiser la région qui offre des produits touristiques de grande qualité par rapport aux autres régions du pays », estime-t-il. Outre les hôtels et les palmeraies, les agences de voyage spécialisée dans le transport touristique rencontrent les mêmes difficultés. Certaines professionnels ont, bel et bien, fermé leurs agences. Les autres essaient de survivre malgré la grande souffrance, surtout que ce genre d’activités nécessite un grand nombre de main-d’œuvre. La baisse énorme enregistrée en termes de recettes financières complique davantage la situation de ces acteurs touristiques.
Esser
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