Plaisance : transformer nos « parkings à bateaux » en industrie plus lucrative
29 juin 2012La plaisance, activité moribonde dans le paysage touristique tunisien. Le magazine « Tourisme Info » a organisé hier un séminaire sur ce secteur théoriquement prometteur. La rencontre avait pour thème « la plaisance : un produit et une industrie » et a réuni un certain nombre de professionnels du secteur. Inauguré par le ministre du Tourisme, le séminaire a été l’occasion de dresser un état des lieux du tourisme de plaisance en Tunisie, d’identifier ses lacunes et proposer des solutions.
La plaisance, un retard à combler
La Tunisie est dotée de 6 ports de plaisance en activité ainsi que de deux autres en cours de construction à Bizerte et à Gammarth. La plaisance reste cependant un domaine peu développé, voire marginalisé, dans le sens où nos ports servent plus de « parkings à bateaux » que de ports de plaisance proprement dit.
Faute de vraie structure administrative et technique en charge de ce secteur au sein du ministère du Tourisme, l’activité de plaisance se trouve privée de stratégies de promotion. « Nous ne disposons pas jusqu’à présent d’une structure technique qui s’occupe de la plaisance et de sa promotion comme domaine à part entière », a confirmé Ferid Fitni, directeur central de la Promotion à l’ONTT. Mais ce n’est là qu’une partie du problème : l’absence d’une mise à jour des lois réglementant le secteur, la non réglementation de la « chartérisation », les tarifs douaniers prohibitifs ainsi que la rigidité des procédures portuaires viennent également enfoncer le clou.
Sous-estimée, la plaisance est souvent considérée comme un outil d’animation ou de passage vers les hôtels et non pas comme une industrie en soi, potentiellement rentable et créatrice d’emplois. Pour preuve, il n’existe même pas un guide nautique. C’est également là l’une des raisons de la quasi-absence des professionnels tunisiens de la plaisance, propriétaires de ports ou des clubs nautiques, lors des salons internationaux de Gênes, Düsseldorf ou Paris notamment.
Aux grands maux les grands remèdes
Soucieux, les intervenants (professionnels du tourisme, gérants des ports de plaisances, propriétaires de clubs nautiques) ont sollicité le responsable de l’ONTT afin, qu’ensemble, ils rédigent une feuille de route pour la promotion du secteur. Une rencontre qui aura lieu en septembre prochain selon Férid Fitni qui a accepté l’initiative. Ils ont également, dans le même ordre d’idée, réclamé la révision des différentes réglementations, surtout celles ayant trait la fiscalité, ainsi que l’assouplissement des procédures douanières en autorisant, à titre d’exemple, les skippers tunisiens à utiliser des bateaux étrangers. « À Hammamet, les bateaux souhaitant engager des Tunisiens sont nombreux, mais la loi ne le leur permet pas sous prétexte de sécurité », a affirmé Ahmed Moatamri, le président de l’Association Tunisienne des Activités Nautiques et des Ports de Plaisance (ATANP).
Sur le long-terme, les professionnels de la plaisance ont mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’attractivité du pavillon tunisien, de remettre en cause l’implantation des ports mais aussi, pourquoi pas, exploiter quelques ports de pêche et même réfléchir à la création d’autres ports tout en respectant l’environnement et les espacements entre les différentes installations afin de garantir une rentabilité maximum possible.
On notera également qu’un « projet de recommandation » en treize points a été présenté par les organisateurs du séminaire. Les différentes demandes qui y sont exprimées portent notamment sur une rapide publication des textes d’application du code des ports, entré en vigueur en 2009, sur le lancement d’un salon de la plaisance et du tourisme nautique dans le cadre du Marché International du Tourisme (MIT) et l’intégration des ports de plaisance dans le programme de mise à niveau de la certification ISO.
De son côté, le responsable de l’ONTT a présenté les jalons d’un plan d’action visant, sur le court-terme, à mieux faire connaître la plaisance en Tunisie, et ce en créant d’abord un guide nautique et en investissant sur la communication, surtout événementielle. Férid Fitni a, par ailleurs, annoncé que l’ONTT allait élaborer un plan pour l’organisation d’activités nautiques et d’évènements touristiques comme des régates ou des rallyes marins… « Ce genre de manifestations est souvent couvert par un grand nombre de journalistes, ce qui assure de bonnes retombées médiatiques » a-t-il argumenté.
Laisser un commentaire