Nefta : en panne de courant et de subventions, Dar HI capitule!
1 juillet 2013L’aventure n’aura même pas dépassé trois ans. Dar HI, hôtel de charme situé à Nefta, vient d’annoncer la fermeture de ses portes. Ses promoteurs, Ali Patrick El Ouarghi et Philippe Chapelet, ont officiellement rendu publique leur décision dans un communiqué diffusé aujourd’hui. «Notre Hôtel Dar HI à Nefta, ouvert en décembre 2010, mois de la révolution tunisienne, a vécu et subi depuis 3 ans une situation économique et touristique catastrophique. Nous avons malgré tout réussi à relever le défi et rester ouvert en conservant et payant tout notre personnel (une quinzaine de personnes) durant cette période.» Cette période, justement, a été marquée par une situation touristique très difficile, pour ne pas dire épouvantable pour la région du sud-ouest particulièrement, accentuée par les interdictions de circuler dans la région formulées par certaines chancelleries occidentales à l’intention de leurs ressortissants.
Bizarrement, les problèmes rencontrés par l’hôtel sont d’un autre style : « depuis quelques mois, nous subissons une pression de la STEG que nous comprenons par principe, mais qui devient intolérable et insupportable pour une exploitation sereine de notre établissement. Certes, nous avons un retard de paiement avec la STEG comme la plupart des sociétés en Tunisie. Conscient de ce problème, nous avons établi un échéancier que nous essayons de respecter même si cela n’est pas toujours possible. Nous ne pouvons et ne voulons plus subir de chantage de la part de la STEG qui nous menace de coupure depuis des mois et qui a mis sa menace à exécution à 2 reprises alors même que des clients étrangers et souvent de prestige étaient dans notre hôtel».
L’amertume d’Ali Patrick El Ouarghi et Philippe Chapelet -qui sembleraient vouloir bénéficier de l’électricité gratuite dans leur hôtel- leur fait pointer du doigt pratiquement toutes les autres administrations : «Nous tenons à signaler que nos difficultés viennent aussi du fait que l’Etat tunisien doit nous verser une somme d’argent considérable (subvention, ONTT, TVA), et ceci depuis l’ouverture en décembre 2010. Il est donc d’autant plus étonnant que nous ayons à subir ce genre d’ultimatum de la part d’une entreprise qui relève de l’à‰tat. »
Face à de telles revendications, il y a de quoi être perplexes car jusqu’à preuve du contraire, l’Etat tunisien n’a jamais versé de subventions directes aux privés qui se lancent dans des investissements touristiques, encore moins l’ONTT dont ce n’est pas la mission. Ni même le fisc qui ne rembourse pas la TVA. La paire El Ouarghi-Chapelet n’en démord pas et face à l’inévitable, semble vouloir régler ses comptes avec toute la Tunisie : «Nous remarquons aussi avec regret que nos partenaires locaux, banquiers, ministère du Tourisme et les autres administrations (STEG, SONEDE, CNSS, etc.) ne nous simplifient pas vraiment la tâche depuis 3 ans».
Devant de tels arguments, faut-il en déduire que les promoteurs de Dar HI pensaient pouvoir bénéficier d’exonérations de charges sociales et de consommer eau et électricité aux frais de la princesse ? Même les Tunisiens qui ont réalisé des investissements nettement plus importants n’ont pas eu accès à de tels avantages !
« Aujourd’hui, les difficultés rencontrées nous poussent à renoncer. Nous nous sentons abandonnés par les autorités tunisiennes. Nous sommes dans l’obligation de fermer le Dar HI à partir du 1er juillet, nous mettrons en sommeil notre société, nous licencierons notre personnel» concluent les promoteurs de l’hôtel.
Certes, chaque établissement qui ferme est une perte, et plus encore pour la région du Djérid, mais les prétextes avancés pour justifier la fermeture de l’établissement semblent hallucinants et laissent penser que ses propriétaires auraient peut-être reçu des promesses imaginaires de la part de certaines parties. Sinon, comment expliquer les revendications abracadabrantes qu’ils avancent ?
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