L’hiver touristique certainement le plus glacial se prépare
3 octobre 2015Avalanche de mauvaises nouvelles pour le tourisme tunisien. A la fermeture des portes du salon IFTM qui s’est tenu cette semaine à Paris, les professionnels tunisiens faisaient grise mine, et pour cause : aucune embellie sur le front des réservations pour cet hiver. Les T.O étaient tous unanimes à dire que la demande en faveur de la destination était extrêmement faible. Le client français, particulièrement frileux par rapport aux événements qui ont touché le pays avant l’été, ne semble toujours pas disposé à reprendre le chemin de Hammamet, Sousse ou Djerba. Et pourtant, le Seto (Syndicat des entreprises françaises du tour-operating) estime que le niveau de réservation constaté actuellement est encourageant puisqu’il est en augmentation de 5,8%, mais sur d’autres destinations.
Tendance de l’hiver
« Les Français sont plus enclins à voyager cet hiver ». La confirmation vient de René-Marc Chikly, le président du Seto, qui explique qu’il y a plusieurs raisons à cela : un calendrier de vacances scolaires favorable et une situation économique des Français qui serait meilleure (carburant et impôts en baisse, taux d’intérêt en hausse). Cependant, cette propension au voyage exclut de facto les destinations victimes des amalgames du moment : la Tunisie en premier lieu, l’Egypte au même titre, mais également le Maroc et la Turquie (cette dernière payant les conséquences de la guerre chez son voisin syrien). Conséquence, les T.O ont intégré dans leurs programmes de nouvelles destinations (Cuba, Haïti) pour compenser le manque à gagner avec la région MENA (et même bien au-delà puisque des pays comme les Maldives et l’Indonésie sont également en baisse de 20% au départ de la France).
IFTM : les Tunisiens au rendez-vous
L’ONTT n’a pas dérogé à la règle au salon IFTM Paris avec un stand de 150 m² au design et à l’aménagement résolument modernes et qui a vu le passage des deux principaux responsables de l’administration du Tourisme, la ministre Selma Elloumi-Rekik et le directeur général de l’ONTT, Abdellatif Hmam, qui ont reçu T.O et autres responsables français à tour de bras. A l’ordre du jour, des demandes de soutien, d’opérations conjointes, de subventions. Bref, des sollicitations à tout va sans aucune assurance de réalisations ni d’objectifs chiffrables en l’absence de visibilité non seulement sur l’hiver mais aussi sur la saison été 2016.
Côté professionnels également, le salon a été l’occasion d’une mobilisation significative qui démontre si besoin est que personne ne baisse les bras malgré les mauvais jours qui s’annoncent. Cependant, nombre d’hôteliers n’ont pas manqué de souligner que les T.O continuaient d’exercer une pression sur les prix, exigeant des actions spéciales, des exclusivités mais sans offrir la moindre garantie en retour ! Offusqué, un directeur commercial d’hôtel nous interpelle : « on me demande des chambres à bloquer mais en retour, aucune garantie ni écrite et encore moins financière. Et de toute façon, ils n’ont pas de clients à nous envoyer ».
Pays musulman, l’amalgame en vogue
Autant donc dire que la Tunisie est dans l’œil du cyclone sur le marché français. Sur les 9 premiers mois de l’année, il a baissé de 35% par rapport à l’année dernière à la même époque et de 65,5% par rapport à 2010. Concrètement, les arrivées de Français sont passées de 1.134.000 en 2010 à 390.901 en 2015 (période comprise entre le 1er janvier et le 30 septembre), selon les derniers chiffres officiels. En cause, la crainte de se rendre dans un pays musulman, mais aussi les infos relayées régulièrement par la presse concernant les cellules terroristes démantelées et les risques d’attentat souvent évoqués par le ministère de l’Intérieur. Face aux médias, Wahida Jaïet, représentante de l’ONTT pour la France, n’est pas en manque d’arguments : « quand on me dit qu’il y a des arrestations régulières de terroristes présumés, je réponds que c’est le signe que le pays travaille à faire améliorer les choses » ! Mais la trilogie des reproches à l’encontre de la Tunisie demeure immuable : sécurité, environnement et services. Et ce n’est malheureusement pas la campagne de publicité engagée actuellement par l’ONTT sur la chaîne M6 qui fera grandement bouger les choses. Elle participera tout au plus à atténuer la mauvaise image qui colle à la peau du pays. Maigre consolation.
Hédi HAMDI
(Reportage à Paris)
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