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La FTH apporte une lecture apolitique des chiffres du tourisme 2018

La FTH apporte une lecture apolitique des chiffres du tourisme 2018

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Si la bonne santé du tourisme a donné lieu à de la récupération politique en 2018, les hôteliers, eux, veulent tordre le cou aux à priori et demandent à ce que les réalisations du secteur soient interprétées de manière plus rationnelle.

Après moult accusations et polémiques sur le sort des recettes touristiques et sur le panier moyen du touriste étranger en Tunisie, la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) a attendu que les réalisations touristiques de l’année 2018 soient officielles pour apporter sa lecture des chiffres. Objectif : démontrer que la contribution du tourisme au PIB est en réalité nettement plus importante que les 6% officiellement calculés comme l’a souligné Khaled Fakhfakh, président du syndicat patronal, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue aujourd’hui à Tunis. Il s’agissait aussi de se positionner implicitement hors des discours de propagande politique et de populisme qui visent régulièrement le tourisme en général et l’hôtellerie en particulier.

La manière d’interpréter les réalisations du secteur peut être faite de différentes manières. Rym Belajouza Ben Fadhel, secrétaire générale de la Fédération, indique que l’année 2018 a dépassé, en termes d’entrées, les réalisations de 2010 demeurées jusqu’à présent comme étant l’année de référence. Cependant, et au-delà des entrées globales, un constat saute aux yeux : alors qu’en 2010, plus de 49% des touristes venus en Tunisie étaient Européens, en 2018, cette part est tombée à 31% uniquement. Cela s’est bien évidemment répercuté sur les nuitées. Alors que les Européens totalisaient 30 millions de nuitées en 2010, ils n’en ont réalisé que 17 millions l’année dernière. Quant aux Tunisiens résidents locaux, ils ont, pour leur part, totalisé 22% des nuitées dans les hôtels (soit près du quart de l’activité).

Les Maghrébins supplantent les Européens

Ce sont en fait les entrées de Maghrébins, et notamment les arrivées algériennes, qui ont inversé la tendance. Alors qu’ils ne comptaient que pour 39% dans le total des arrivées en 2010, leur part est passée à 68% en 2018. Du côté de la FTH, on souligne bien qu’il s’agit d’un constat et que la clientèle algérienne – qui est la plus importante- demeure la bienvenue, d’autant qu’elle a participé à sauver le secteur du tourisme durant les années difficiles qu’a connue la destination en 2015 et 2016. Mais ce constat nécessite d’être analysé avec précision: quand 91% de la clientèle européenne séjourne en milieu hôtelier, seuls 25% des Maghrébins optent pour ce mode d’hébergement et 4% des Tunisiens résidant à l’étranger (sachant que ces derniers sont également comptabilisés comme touristes). Sur les 2,8 millions d’arrivées algériennes, ce sont en définitive 10% qui vont à l’hôtel.

Le flou des recettes

Les recettes touristiques en devises ont atteint en 2018 précisément l’équivalent de 4093 millions de dinars. Sauf que la FTH considère que celles-ci portent uniquement sur les montants ayant transité par les canaux officiels. En d’autres termes, il s’agit clairement des recettes provenant des Européens, ce qui ferait une dépense moyenne de 1567 DT (501 euros) par client. Les recettes provenant de la clientèle maghrébine, elles, restent incalculables avec précision dans la mesure où celle-ci paye directement les services touristiques en monnaie locale car ayant converti ses devises hors du circuit officiel. « Etant donné que la clientèle algérienne, libyenne et tunisienne résidente à l’étranger paie les prestations touristiques en dinars tunisiens, la FTH a estimé ces revenus non comptabilisés en devises à 3106 millions de TND, ce qui porterait le total des recettes touristiques en devises à 7199 millions de TND. Les hypothèses de base sont une dépense moyenne par nuitée hôtelière de 230 TND, comme pour les touristes européens, et une dépense moyenne par visiteur non hébergé à l’hôtel de 500 TND par séjour ».

 Les revendications des hôteliers

Face à ces évidences, la FTH en appelle aujourd’hui clairement à l’administration du Tourisme afin qu’elle mette en place le fameux CST (Compte satellite du tourisme) défini par l’Organisation mondiale du tourisme pour mesurer avec précision l’impact économique du tourisme sur l’économie locale. « Nous sommes parmi les derniers pays à n’avoir pas appliqué la recommandation de l’OMT sur la mise en place du CST » s’est exclamée Mouna Allani Ben Halima, secrétaire générale adjointe de la FTH, lors de la conférence. « Le poids du tourisme est de 13% au moins dans le PIB (…). Nous exigeons donc l’entrée en vigueur du CST d’autant que l’ONTT a travaillé dessus en 2014 et refuse de le mettre en place (…) Les destinations touristiques qui se respectent appliquent la méthode du CST ».

Autre interrogation des hôteliers : pourquoi les recettes que l’activité génère sur le transport aérien et maritime ou encore le tourisme médical comme autres exemples ne sont-ils pas pris en considération dans l’évaluation des entrées en devises ? « Nous devons changer la manière de lire les résultats du tourisme et les recettes en devises » a encore ajouté Mme Ben Halima.

La FTH a demandé au cours de la conférence à l’INS, à la BCT et à l’ONTT de regrouper leurs chiffres et de les faire analyser par leurs experts afin qu’ils soient plus fiables. « Les vrais chiffres montrent que le poids du tourisme est plus important qu’on ne le dit. Le secteur pèse entre 13 et 14% du PIB en réalité sans compter les TRE. Si on rajoute cette catégorie, on peut parler de 17% du PIB ». Car parmi les contradictions également constatées, les Tunisiens résidant à l’étranger sont comptabilisés comme touristes, mais les fonds qu’ils ramènent ne sont pas admis comme recettes touristiques !

Hédi HAMDI

De droite à gauche: Khaled Fakhfakh, Mouna Allani Ben Halima et Rym Belajouza Ben Fadhel.

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