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Reportage à l’aéroport Paris-CDG: l’étonnante mécanique du hub d’Air France

Reportage à l’aéroport Paris-CDG: l’étonnante mécanique du hub d’Air France

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A Paris-Charles de Gaulle (CDG), la compagnie Air France a réussi à développer le hub le plus puissant d’Europe. Pour le plus grand bonheur des passagers.

La bataille du ciel se joue également sur terre. Entre les compagnies aériennes, la concurrence s’opère sur les plates-formes aéroportuaires et leurs capacités à offrir le plus grand nombre d’opportunités de correspondances avec des délais les plus courts possibles grâce au système dit de hub.

Vous voulez vous rendre de Tunis à Londres à des horaires spécifiques que les lignes directes existantes n’offrent pas ? Une compagnie comme Air France est en mesure de proposer 19 fréquences par semaine entre les deux capitales avec des correspondances directes via l’aéroport Paris-CDG et ce grâce aux 4 dessertes quotidiennes Tunis-Paris combinées aux 8 vols par jour Paris-Londres. L’exemple est édifiant et reflète, à lui seul, la capacité concurrentielle des compagnies aériennes qui ont développé des hubs.

La puissance d’un hub ne s’affirme pas seulement sur les lignes moyen-courriers mais aussi sur les opportunités de correspondance entre le long-courrier et le moyen-courrier, ou vice-versa. La compagnie française a la capacité par exemple d’offrir plus de 25.000 opportunités de correspondance en moins de deux heures. A CDG, le programme de ses vols est organisé en 6 plages de rendez-vous, soit six vagues d´arrivées et de départs, étalées tout au long de la journée, pour permettre un maximum de correspondances dans un délai le plus court possible. Les plages de hub se construisent sur des durées de 2h30 entre le 1e avion arrivé et le dernier parti.

Voilà comment aujourd’hui certaines compagnies peuvent prétendre au titre de « compagnies de réseaux ». Pour Air France, son hub est non seulement alimenté par ses propres lignes mais également par les autres compagnies aériennes qui arrivent à CDG et qui lui apportent encore du trafic avec des passagers en continuation vers d’autres destinations. On imagine par conséquent l’atout concurrentiel énorme que cela représente pour une compagnie aérienne.

Chez Air France, on explique que « grâce au hub, l’aéroport a accueilli un nombre croissant d’avions gros porteurs et enregistré une croissance rapide du trafic intercontinental. Ce système permet l’utilisation d’avions plus gros, ce qui limite les nuisances et les émissions de CO2. Ce système permet aussi, lorsque la demande faiblit sur une destination, de compléter les flux directs manquants par des flux de correspondances ». Ce qui est par exemple le cas sur la Tunisie.

Comment le hub amortit la crise

Malgré la crise touristique ambiante qui sévit en Tunisie et la réduction de 50% des arrivées touristiques françaises dans le pays, la compagnie Air France a maintenu cet été ses 4 fréquences quotidiennes entre Paris et Tunis, ce qui permet au passager de ou vers Tunis de bénéficier de correspondances vers 103 pays. « La desserte de la Tunisie, ces dernières années, est un exemple de cette qualité ‘’d’amortisseur de crise’’ du hub » explique-t-on chez Air France.

« Nos clients tunisiens ont besoin d’un partenaire qui sait s’inscrire dans la durée » déclare Nicolas Delaporte, directeur d’Air France pour la Tunisie. « Notre hub de Paris-Charles de Gaulle est un atout essentiel et, grâce aux ouvertures régulières de nouvelles destinations, il nous permet d’accompagner le développement à l’international des entreprises tunisiennes » ajoute-t-il. Au départ de Tunis, il y a pour Air France deux catégories de passagers, ceux qui voyagent de point à point, c’est-à-dire que Paris est leur destination finale, et ceux qui sont en correspondance et qui ne font que passer par CDG.

Tous les matins par exemple sur la plate-forme, en 1 heure, on enregistre une trentaine d’arrivées de vols long-courriers tandis qu’au même moment, ce sont 60 moyen-courriers qui décollent. Et entre les deux, il y a le MCT. Dans le jargon, cela signifie le Minimum Connecting Time, autrement dit le temps minimum de correspondance nécessaire à un passager qui descend d’un avion pour monter dans un autre. Pendant 13 ans, le MCT à CDG était de 45 minutes.

Il a été rabaissé récemment de 15 minutes grâce aux IFU (inspections filtrage unique des passagers) qui ont été mises en place et qui réduisent le temps de correspondance au sein de l’espace européen. Concrètement, le procédé permet à un passager en provenance de Londres et en continuation sur Tunis de ne pas subir de contrôle de sécurité lors de son escale à Paris.

CDG est le 2e aéroport européen en termes de passagers (32 millions par an) et premier en termes de correspondances offertes. Celui de Londres-Heathrow, 1e, traite 80 millions de passagers mais offre uniquement 7000 opportunités de correspondances pour British Airways notamment à cause du niveau de saturation atteint par les infrastructures et par la limite de développement posée par ses deux seules pistes. Paris-CDG dispose de 4 pistes.

A Francfort, longtemps classé 2e en termes de passagers, le hub de la Lufthansa offre 14.000 opportunités de correspondances. Ces performances, les compagnies aériennes les doivent donc à une infrastructure aéroportuaire adaptée et développée conjointement dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.

Pour le cas de Paris-CDG, il est clair que les performances atteintes n’ont pu se faire que grâce à un partenariat très étroit avec le gestionnaire public des aéroports français ADP qui a adapté ses installations aux besoins d’Air France et de ses partenaires de l’alliance SkyTeam en investissant pas moins de 580 millions d’euros ces dernières années. Résultat : Air France réussit aujourd’hui 97% de ses correspondances à CDG.

H.H

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