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Le couvre feu, ce frein à toute reprise du tourisme en Tunisie

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Le niveau de réservations dans le tourisme pour la prochaine période reste anormalement bas par rapport à la tendance du marché régional. Plusieurs facteurs sont en cause.

Pourquoi la destination Tunisie ne décolle toujours pas en matière de réservations touristiques au départ de ses principaux marchés émetteurs traditionnels ? Pourquoi demeure-t-elle sanitairement mal classée comme par exemple dans la Liste E en Italie, Orange en France ou encore comme Zone à haut risque en Allemagne ?

Et pourtant, la situation sanitaire dans le pays n’est ni pire ni meilleure qu’ailleurs.

Le taux de vaccination de la population a atteint des niveaux très respectables, avec 12,8 millions de vaccins déjà injectés sur 7,1 millions de primo-vaccinés (au 4 février 2022). 4,6 millions de personnes ont reçu deux doses, 1,04 million trois doses et plus de 30.000 personnes une dose booster pour leur permettre de voyager hors du territoire. Sur une population globale de 11 millions d’habitants (mineurs compris), les autorités n’ont pas à rougir de ce bilan.

Des freins en tous genres

Sauf qu’il y avait tout d’abord et jusqu’au 26 janvier 2022 l’obligation pour tout voyageur arrivant de l’étranger de disposer d’un test PCR obligatoire afin de pouvoir entrer dans le pays et ce même si son parcours vaccinal était achevé. Cette obligation a cependant été levée et, désormais, le test antigénique rapide est accepté. Les effets de la décision ne sont cependant pas immédiats et donc pas mesurables pour le moment, mais le tort causé en amont y est pour beaucoup dans la situation actuelle.

Second frein, celui de l’interdiction pour les étrangers non vaccinés d’entrer dans le pays. Sous d’autres cieux, les non-vaccinés ne sont plus considérés comme des pestiférés et sont désormais autorisés à voyager (moyennant certes des restrictions sanitaires à l’arrivée).

Troisième frein, le confinement obligatoire pour les non-vaccinés (Tunisiens résidents à l’étranger et étrangers résidents permanent). Ramené à 5 jours, le délai de confinement dans un hôtel reste malgré tout rédhibitoire pour les candidats au voyage et fait l’objet d’un débat entre les pro et les anti-vax.

Mais la principale entrave à la reprise des réservations reste avant tout ce couvre feu décrété dans le pays depuis le 13 janvier 2022 entre 22h et 5h00 du matin. Officiellement, il s’agit d’un couvre feu sanitaire dans un contexte de nouveau pic épidémique lié au variant Omicron.

Un signal de faiblesse sanitaire

Mais nul n’est dupe et il est évident que ce couvre feu n’est qu’un prétexte avant tout d’ordre sécuritaire mis en place pour des considérations plus profondes que la véritable raison invoquée.

Sauf que ces considérations hors tourisme nuisent directement à cette activité. Non que les touristes ont besoin de sortir après 22h00 mais parce qu’il s’agit tout simplement d’un signal de faiblesse sanitaire évident que l’on transmet à la face du monde.

Le cas le plus flagrant se pose avec l’Italie. Ce pays a déclassé les destinations jugées jusqu’à présent à risque sanitaire et les touristes italiens peuvent désormais se rendre à Sharm Echeikh, Marsa Alam, Maurice, Cuba, Turquie et autre République dominicaine sans contrainte au retour. Ce qui n’est pas le cas pour la Tunisie.

Les tour-opérateurs italiens tentent d’exercer leur lobbying sur leur tout puissant ministère de la Santé pour faire bouger les choses, ce qui leur permettrait d’ouvrir les réservations sur la Tunisie. Mais en dépit des initiatives, y compris de la part des autorités tunisiennes et même diplomatiques, rien n’y fait.

Dans les médias, on s’est gargarisés ces derniers jours de l’annonce officielle du retour annoncé des croisières au port de la Goulette en mars prochain. Mais quid des voyageurs italiens qui seront à bord et qui seront soumis à un confinement obligatoire dans leur pays parce qu’ils auront eu la malchance d’avoir fait escale dans ce pays à haut risque sanitaire qu’est la Tunisie ?

Ce couvre feu ne peut être que qualifié de mascarade tant il n’a rien de sanitaire. Il est tout juste bon à aggraver, par ricochet, une situation économique déjà extrêmement préoccupante à court et moyen-termes.

Sa prolongation au-delà du 10 février prochain serait le pire des messages aux yeux d’une communauté internationale qui considère déjà le pays comme étant en ballottage démocratique.

Hédi HAMDI

 

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